
Le Cœur de la Ville Rouge
Si Marrakech possède un centre névralgique, c’est incontestablement la place Rahba Kedima, plus connue sous le nom de Place des Épices. Moins vaste que la célèbre Jemaa el-Fna, elle est pourtant le reflet le plus fidèle de l’âme marrakchie. Au-dessus de ce tumulte de couleurs et de parfums s’élève le Nomad, un restaurant qui a su capter l’essence de ce lieu historique pour le transformer en une expérience contemporaine. Cet article plonge dans les racines de cette place mythique et explore comment le Nomad est devenu le symbole de sa renaissance.
Un Passé Riche : Les Origines de Rahba Kedima
Le nom « Rahba Kedima » signifie littéralement « l’ancienne esplanade ». Historiquement, cette place était le théâtre de transactions majeures. Bien avant d’être le paradis des herboristes, elle accueillait des marchés de grains et, de manière plus sombre, le marché aux esclaves jusqu’au début du XXe siècle.
La Transformation en Place des Épices
Avec le protectorat et l’évolution sociale du Maroc, la place s’est spécialisée dans la pharmacopée traditionnelle. Aujourd’hui, elle est le bastion des attarins (herboristes). Chaque étal est une bibliothèque de savoirs ancestraux où l’on trouve des racines de curcuma, des écorces de grenades et des mélanges secrets comme le Ras el Hanout. Le Nomad s’est installé précisément ici, non par hasard, mais pour s’ancrer dans cette continuité historique.

L’Architecture du Nomad : Dialogue entre Béton et Tradition
L’un des secrets de la réussite du Nomad réside dans son architecture. Le bâtiment, autrefois une simple maison de commerce, a été réinventé par ses fondateurs pour devenir un manifeste du design moderne au Maroc.
Minimalisme et Géométrie
Contrairement aux restaurants qui surchargent leur décoration de zelliges et de plâtres sculptés, le Nomad a choisi la sobriété. Les murs en béton lissé, les lignes droites et l’utilisation du fer forgé créent un écrin neutre qui laisse la vedette à la vue extérieure.
- La Verticalité : Le restaurant s’organise sur plusieurs niveaux, une métaphore de l’élévation au-dessus du chaos joyeux du souk.
- Les Matériaux : Le bois clair, la paille tressée et les textiles locaux apportent la chaleur nécessaire à cet espace moderne.
Le Nomad comme Catalyseur Culturel
Depuis son ouverture en 2014, le Nomad a agi comme un aimant pour une nouvelle génération de créateurs. Autour de lui, la place Rahba Kedima a vu fleurir des boutiques de design, des concepts stores et des galeries.
L’Impact sur l’Artisanat Local
Le restaurant n’est pas une bulle isolée. Il collabore étroitement avec les artisans de la place. Les paniers en osier, les chapeaux de paille et les uniformes du personnel sont souvent issus des ateliers voisins. En déjeunant au Nomad, le voyageur soutient indirectement tout un écosystème de petits créateurs locaux qui ont su moderniser leurs techniques pour répondre à une clientèle internationale exigeante.
Itinéraire Spirituel autour du Nomad
Pour prolonger l’expérience, il est essentiel de comprendre l’environnement immédiat du restaurant.
- La Médersa Ben Youssef : À quelques minutes à pied, ce joyau de l’art saadien complète parfaitement la visite par son silence et sa majesté architecturale.
- Le Jardin Secret : Une transition botanique entre l’agitation du souk et la sérénité du toit du Nomad.
- Le Souk des Teinturiers : Où l’on comprend l’origine des couleurs que l’on retrouve dans les assiettes du restaurant.
Une Étape dans l’Histoire
Choisir le Nomad pour un dîner, c’est s’offrir une place de spectateur privilégié sur l’histoire vivante de Marrakech. C’est ici que le passé de la Place des Épices rencontre le futur d’une ville qui ne cesse de se réinventer.





